Monument commémoratif :
Commémoration du parcours vers la liberté des réfugiés vietnamiens
La chute de la ville de Saigon, le 30 avril 1975, marque la fin de la guerre du Vietnam et le début d’une grave crise de réfugiés. Des millions de Vietnamiens quittent leur pays en quête de liberté et de refuge. Bon nombre d’entre eux tentent de fuir en traversant la mer de Chine méridionale à bord de petites embarcations qui prennent l’eau.
Sensible au sort tragique des Vietnamiens, le Canada s’empresse d’ouvrir ses frontières à des milliers d’entre eux et commence à réinstaller ces ‘’réfugiés de la mer’’, comme on les surnomme. En juillet 1979, le gouvernement du Canada, alors dirigé par le premier ministre Joe Clark, annonce qu’il accueillera 50,000 de ces réfugiés. À la fin des années 1980, le Canada en avais admis plus de 60,000, dont un grand nombre avait été parrainé par de simples Canadiens et des organismes privés.
L’accueil et la réinstallation de plusieurs milliers de réfugiés de l’Asie du Sud-Est à la fin des années 1970 et au début des années 1980 constitue un tournant dans l’histoire de l’immigration au Canada. C’est notamment la toute première fois que le gouvernement canadien applique le Programme de parrainage privé des réfugiés, un nouveau programme unique en son genre grâce auquel plus de 50% des réfugiés vietnamiens, cambodgiens et laotiens sont accueillis au Canada. En 1986, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a décerné la médaille Nansen au Canada pour souligner ses efforts sur plusieurs années pour favoriser l’accueil et la réinstallation des réfugiés indochinois dans les années 1980. C’était la première fois que cette distinction était attribuée à un groupe et la seule fois qu’elle a été accordée à une nation toute entière. Mais surtout, cette réponse positive et humanitaire des Canadiens traduit un changement d’attitude à l’égard des réfugiés. Jamais dans son histoire, le Canada n’en a accueilli un aussi grand nombre dans un si bref délai.
Le 23 avril 2015, le Parlement du Canada avait approuvé le projet de loi S-219, désignant le 30 avril de chaque année à titre de ‘’Journée du Parcours vers la liberté’’ en commémoration de l’exode des réfugiés vietnamiens et de leur accueil après la chute de Saigon et la fin de la guerre du Vietnam. La loi S-219, parrainée par le sénateur Ngo Thanh Hai, 1er Sénateur canadien d’origine vietnamienne et le député fédéral Mark Adler (York-Centre), commémore le parcours éprouvant des réfugiés vietnamiens en quête de la liberté après la chute de Saigon et souligne les premiers jalons de la venue de la communauté vietnamienne au Canada.
Contribution du Québec dans le parrainage des réfugiés vietnamiens
Avant avril 1978, aucune loi canadienne ne reconnaît cependant que les réfugiés constituent une catégorie spéciale d’immigrants. Dans tous ces cas, ils sont admis selon des mesures d’exception.
Ce n’est qu’en avril 1978, lors de l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur l’immigration (1976), que sont établies trois (3) nouvelles catégories d’immigrants admissibles au Canada : les réfugiés, les familles de citoyens canadiens et de résidents permanents et les immigrants indépendants sélectionnés pour des motifs économiques.
La crise des réfugiés indochinois (Vietnam, Cambodge et Laos) survient également alors que le Québec est en pleine négociation avec le gouvernement fédéral afin de récupérer certains pouvoirs en matière d’immigration. La province s’est dotée d’un ministère de l’Immigration en 1968, et elle conclut en 1975 l’entente Andras-Bienvenue prévoyant une collaboration entre les deux paliers de gouvernement dans la sélection des réfugiés pour le Québec. Une autre étape importante est franchie en février 1978 avec l’entente Cullen-Couture, qui permet au Québec de choisir ses immigrants selon ses propres critères. En effet, cette entente mène à l’élaboration d’une politique québécoise en matière d’immigration qui repose sur trois éléments fondamentaux : la sélection sans discrimination, la priorité à l’immigration à la réunification des familles et les considérations d’ordre humanitaire. Le Québec met également sur pied son propre programme de parrainage, car il estime que l’adaptation des réfugiés doit relever de la compétence provinciale. Cette mesure lui permet de parrainer directement 10 000 réfugiés de l’Asie du Sud-Est. Entre 1979 et 1982, le Québec accueille ainsi 22% de l’ensemble des réfugiés réinstallés au Canada.
À plusieurs égards, l’incident du navire Hai Hong peut être vu comme un point tournant de la réponse canadienne à la crise des réfugiés de l’Asie du Sud-Est. Le 9 novembre 1978, le refus des autorités portuaires de la Malaisie de laisser débarquer les 2 500 passagers d’un navire en provenance du Vietnam mobilise la communauté internationale. En mer depuis 17 jours, cette embarcation surchargée (dont la capacité est en fait 1 200 personnes) a été endommagée par un typhon; son moteur ne fonctionne plus et lorsqu’elle jette l’ancre à Port Klang (en Malaisie péninsulaire), il n’y a pratiquement plus d’eau et de nourriture à son bord. Mais comme les passagers ont payé les autorités vietnamiennes pour qu’elles les laissent partir (il s’agit principalement de Vietnamiens d’origine chinoise), l’Indonésie d’abord, puis la Malaisie, ne les considèrent pas comme des réfugiés. Cette dernière, qui n’a pas signé la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés et qui en a déjà accueilli plus de 35 000 sur son territoire, menace de remorquer le navire en mer et d’abandonner les passagers à leur sort. Bien vite, l’affaire fait le tour du monde et les journaux canadiens pressent le gouvernement d’agir.
Conscient qu’il faut faire vite, le Canada se trouve néanmoins face à un dilemme: il souhaite venir en aide aux migrants du Hai Hong, mais cela signifie prioriser ceux-ci alors que des dizaines de milliers de réfugiés attendent déjà depuis des mois dans des camps de l’ONU. La solution viendra en quelque sorte du gouvernement québécois. Le 15 novembre 1978, le ministre de l’Immigration du Québec, le père Jacques Couture, annonce que la province est prête à accueillir au moins 200 réfugiés du Hai Hong en vertu de la nouvelle entente Cullen-Couture. Rapidement, la Chambre des Communes convient que 600 des passagers du navire seront installés au Canada et s’ajouteront aux cibles annuelles d’immigration. Plusieurs autres pays (États-Unis, France, Allemagne et Suisse) suivent l’exemple canadien et acceptent d’aider en traitant les demandes et en relocalisant en priorité les passagers. Au bout du compte, la décision du gouvernement canadien d’intervenir et d’accepter davantage de réfugiés, alliée à la pression du public et à la sympathie manifestée face à la détresse de ces réfugiés vietnamiens, joue un rôle déterminant dans la suite des événements.
Le succès de la réinstallation des réfugiés indochinois est possible grâce aux efforts déployés par le gouvernement, les fonctionnaires et les militaires canadiens ainsi que grâce aux citoyens qui demandent de parrainer une personne ou une famille. Parmi les 60 000 réfugiés indochinois admis au Canada entre 1979 et 1980, environ 26 000 (43%) sont pris en charge par l’état, tandis que 34 000 (57%) sont parrainés par le secteur privé ou par des membres de leur famille, ce qui donne un formidable coup d’envoi au nouveau Programme de parrainage.
Étendue du projet
L’année 2020 souligne le 45e anniversaire de la fin de la République du Vietnam avec la chute de Saigon.
Les Vietnamiens résidant à Mont-Royal ont décidé de mettre à pied le Projet “Monument commémoratif : Parcours vers la Liberté’’ comme un don à la ville Mont-Royal en reconnaissance de son accueil à bras ouvert à l’égard des réfugiés vietnamiens.
Le Monument commémoratif sera localisé dans le Parc de la Cité-Jardin : 750, Chemin Saint-Claire, Mont-Royal (au coin de Jean Talon Ouest) qui fait partie du Parc Atholstan.
Ce monument symbolise :
- Un remerciement au Canada et au Québec et aux québécois qui ouvrent leur cœur et leur foyer pour accueillir les réfugiés vietnamiens de la mer;
- Un remerciement au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui ont réussi à protéger et sauver des milliers de réfugiés vietnamiens et leurs familles dans le parcours périlleux vers la liberté;
- Un souvenir des réfugiés vietnamiens qui ont disparu en mer dans le parcours vers la liberté;
- Un rappel aux générations futures de vietnamiens de leur origine, de leur patrimoine, du sacrifice de leurs ancêtres dans le parcours vers la liberté;
- Une contribution de la culture vietnamienne à leur nouvelle patrie : Canada et Québec;
- Un attrait des touristes vietnamiens provenant du Canada et de l’étranger.