LETTRE OUVERTE

À NOS JEUNES COMPATRIOTES VIVANT AU VIETNAM et EXILÉS

Chers amis,

L’auteur de cette lettre fait partie des milliers de réfugiés vietnamiens qui ont réussi à quitter le pays, in extrémis, juste avant la chute de Saigon aux mains des communistes du nord du Vietnam, à la fin du mois d’avril 1975. Je faisais ainsi partie de la première vague de réfugiés vietnamiens admis au Canada pour des raisons purement humanitaires.

Quant à vous, je suis conscient que vous faites partie des générations 1, 1/2 ou 2 de la communauté vietnamienne au Québec, ou partout ailleurs au Canada. Vous êtes nés au Canada ou êtes arrivés à un jeune âge, avez grandi au Canada et avez réussi dans ce pays.

Pour beaucoup d’entre vous, le Canada est le seul pays que vous connaissez. Le Canada est bel et bien votre pays.

Qu’elle est l’origine du peuple vietnamien ?

Je me permets de vous rappeler succinctement, en quelques lignes, l’origine et l’histoire de la survie de notre peuple qui s’étend sur 4000 ans.

Durant cette longue période, nos ancêtres et fondateurs du pays ont réussi à s’échapper de l’emprise des Chinois à maintes reprises. Originaires d’une région située juste au sud du fleuve Yangtse (Sông Dương Tử), nos ancêtres ont réussi à s’établir sur le delta du fleuve Rouge (Sông Hồng Hà) afin d’éviter tant bien que mal la domination chinoise. À partir du delta du Fleuve Rouge, les Vietnamiens ont progressé plus loin, vers le Sud. C’est ainsi que le Vietnam a été fondé. Ainsi notre pays est donc situé au balcon de l’Océan Pacifique.

Le Parti communiste vietnamien: sa fondation et son rôle dans l’ambition du communisme international

Dans son sens d’origine, le communisme est une forme d’organisation sociale sans classe, sans état et sans monnaie, où les biens matériels seraient partagés entre tous. C’était bien avant de subir de multiples transformations pour devenir un système politique, plus souvent cruel, dans plusieurs pays et qui a coûté la vie à des centaines de millions de personnes dans le monde.

Au XIXe siècle, le mot « communisme » entre dans le vocabulaire du socialisme. Il se rattache en particulier à l’œuvre de Karl Max et Friedrich Engels. En 1917, les Bolcheviks, dirigés par Vladimir Lénine, prennent le pouvoir en Russie lors de La Révolution d’Octobre au cours de la laquelle le Tsar et toute sa famille furent tués. Rapidement, le mouvement communiste envahit plusieurs pays, dont les pays de l’Europe de l’Est, la Chine et la Corée du Nord aux termes de guerres et prises de pouvoir sanglantes.

Quant au Vietnam, la France a réussi à conquérir tout le pays en 1884 et y est restée jusqu’en 1954. Aussitôt arrivée au Vietnam, la France se heurte à des résistances, parfois très violentes, sanglantes et brutales. La réponse des Français fut toute aussi brutale, souvent inhumaine. Au milieu de ce « spectacle de guerres patriotiques contre l’occupation française pour l’indépendance du pays », le Parti communiste vietnamien y représente une force très remarquable, bien organisée, dirigée par une personne jusqu’ici inconnue du peuple: Hồ Chí Minh.

En 1930, le Parti communiste vietnamien, quelques années après son implantation dans la société vietnamienne, a pris le nom de « Parti communiste indochinois », affirmant sa compétence sur l’ensemble du territoire de l’Indochine française (Tonkin, Annam, Cochinchine, Laos et Cambodge). Les communistes vietnamiens articulent leur existence derrière le paravent d’une lutte, pourtant bien réelle, contre l’occupation française. C’était le front Viet Minh (Ligue pour la libération du Vietnam), regroupant toutes les factions, nationalistes et communistes, pour la lutte d’indépendance du pays. Hồ Chí Minh est à la tête de cette coalition. Mais par la suite, le Parti communiste élimine tour à tour toutes les autres factions nationalistes pour ainsi devenir le seul parti prétendument capable de mener avec succès la guerre pour l’indépendance du pays. La répression des autres factions nationalistes, sous prétexte qu’elles sont réactionnaires, anti révolutionnaires, ou autre, est sanglante et extrêmement brutale. Qu’importe, les jeunes élites vietnamiennes, subjuguées par l’idéologie patriotique, décident de se ranger au sein des communistes de Hồ Chí Minh et ses acolytes.

Le patriotisme de la jeunesse vietnamienne, plus ou moins imprégné de romantisme, fait écho dans tout le Vietnam dans les années 40 et 50. C’était un appel sacré, une noble cause.

Mais la lutte armée contre l’occupation française dirigée par Hồ a pris un tournant décisif en 1949, quand Mao Zedong et le Parti communiste chinois prennent le pouvoir en Chine, après la défaite des troupes de Chiang Kai Shek, leur ennemi juré.

Les troupes de Mao atteignent peu de temps après la frontière sino-vietnamienne. La Chine devient conséquemment une immense arrière-garde sécuritaire pour le Parti communiste vietnamien.

L’aide des pays communistes, comme la Russie et la Chine, commence à arriver aux mains des Communistes vietnamiens. L’aide militaire et logistique transforme radicalement l’armée. Des grandes unités de soldats, voire des divisions entières, sont formées, entrainées et équipées par l’armée chinoise. Mao Zedong remplit ainsi les promesses faites lors de ses premières rencontres avec Hồ Chí Minh.

Dans la grande bataille de Điện Biên Phủ, au début de l’année 1954, les soldats français sont surpris par la puissance d’attaque et la précision de l’artillerie vietnamienne. Le colonel français Charles Piroth, responsable de l’artillerie française au front, humilié et honteux, se suicide par la suite en pleine bataille.

Cette défaite des Français à Diên Biên Phủ est un point tournant, contribuant grandement au cessez-le-feu, mettant fin ainsi à 9 ans de guerre. L’Accord de Genève, signé le 20 juillet 1954, amène à la division du pays en deux : la partie du pays au nord de 17e parallèle tombe aux mains des communistes, tandis que la partie au sud sert de refuge réservé aux Vietnamiens non communistes. Près d’un million de Vietnamiens du nord décident de traverser la frontière et de fuir le « paradis communiste » vers le sud. L’Accord projette quand même une élection générale, deux ans plus tard, en vue d’une soit disante réunification du pays.

Contre toutes prédictions, parfois très pessimistes, le sud du Vietnam connaît des progrès notables en l’espace de quelques années :

  • Accueil de près d’un million de réfugiés nord-vietnamiens.
  • Reconstruction accélérée, après des années de dévastation par la guerre.
  • Redressement économique.
  • Établissement d’un système d’éducation et de formation professionnelle efficace.

À la surprise du monde entier, en l’espace de moins de dix ans, le Vietnam du sud fait des progrès miraculeux, si bien que le pays est capable de rivaliser avec ses voisins (Coré du Sud, Singapour, Thaïlande, Taiwan).

Au nord, Hồ Chí Minh applique sa dictature. Des politiques discutables et des campagnes de purges recommencent de plus belle.

  • La réforme agraire (cải cách ruộng đất) commencée en 1949 et qui s’est prolongée jusqu’en 1956-1957. Cette réforme, à l’initiative de conseillers chinois, a coûté la vie à près de 200 000 personnes. Selon Bui Tin, ancien Éditeur du journal Nhân Dân, porte-parole officielle du parti, le nombre de morts aurait dépassé le million.
  • Réformes au sein de l’armée (rèn cán chỉnh quân) dans le but d’expulser de l’armée les personnes qui n’appartiennent pas au prolétariat.
  • Mouvement humaniste d’arts et de littérature (phong trào nhân văn giai phẩm) pour maîtriser et dompter sans pitié les écrivains, artistes et mettre à genoux les personnes jugées anti révolutionnaires. Bref, pour mater toute tentative de révolte.

Sous cette dictature, le Nord devient une société très fermée. Toute liberté, si minime soit-elle, est violemment réprimée. La population devient complètement déconnectée du reste du monde.

Piste de Hồ Chí Minh (source: Internet)

Aux termes de l’Accord de Genève, la force militaire ainsi que les cadres communistes doivent quitter le sud, mais Hồ Chí Minh y laisse secrètement une bonne partie de sa force. Des armes et du matériel militaire y sont enterrés.  L’invasion du sud du Vietnam était donc une phase longuement planifiée.

En 1959, l’ordre d’invasion du sud du Vietnam est donné par le Politburo à Hà Nội. La piste Hồ Chí Minh, le long de la chaîne de montagne Trường Sơn, est ré-ouverte pour le transport des troupes et du matériel militaire.  Les communistes commencent, en fin de l’année 1959, à montrer leur présence dans tout le sud du pays, de Bến Hải à Cà Mâu.

Le Front de Libération du Sud Vietnam a été formé par les communistes de Hà Nội en 1960 dans le but de servir d’écran pour tromper les opinions publiques tant au pays qu’à l’étranger.

La guerre d’invasion s’est prolongée jusqu’en l’année 1975. Les soldats de la République du Sud du Vietnam déposèrent leurs armes le 30 avril 1975 devant l’avancement de l’armée communiste. Dans les faits, cette guerre ne s’est pas perdue au Vietnam mais bien à Washington.

Les crimes commis par Hồ Chí Minh

Hồ Chí Minh et le parti communiste vietnamien ne sont que les soldats de première ligne du communisme international, appelés à répandre la doctrine communiste partout dans le monde. Les guerres dévastatrices menées par Hồ et son parti n’étaient en quelque sorte que des guerres par procuration, des guerres dites « patriotiques », prétexte utilisé par les communistes vietnamien. Après 1975, Lê Duẩn, Secrétaire général du Parti communiste, a bien admis que les Communistes de Hà Nội n’étaient, en réalité, que des  mercenaires, des sbires dans la conquête du monde par les Bolchéviks internationaux: « Nous faisons la guerre pour la Russie et pour la Chine et non pour nous. »

Bref, une conquête communiste payée avec le sang et la souffrance des Vietnamiens:

  • La première guerre de 1945 à 1954 visant à s’emparer de la moitié du pays.
  • La deuxième guerre de 1959 à 1975 pour conquérir tout le pays.

Voici quelques crimes commis par Hồ et ses camarades:

  • Les deux guerres ont causé la mort à 3 à 5 millions de personnes, civils et militaires des deux camps. On compte aussi 6 à 8 millions de blessés. À ces chiffres, il faut aussi y ajouter des millions de familles déchirées et endeuillés.
  • La culture millénaire du peuple vietnamien, dont les œuvres littéraires, les traditions et les coutumes ont été abolies pour être remplacées par une culture marxiste-léniniste.

Les Communistes ont détruit la culture de notre peuple.

  • Les guerres perpétrées par Hô Chí Minh comportent presque caractère génocidaire:
  • Les massacres de Huế, en 1968, dans lesquels plus de 5000 individus ont été tués de façon la plus violente.
  • Bombardements sans discrimination des lieux publics, des marchés bondés et des écoles.
  • Les massacres de civils par des bombardements d’artillerie dans leur fuite de la province de Quang Tri qui est en feu. Sur près de 9 km, le long de l’autoroute Numéro 1, sont jonchés les cadavres des victimes innocentes, si bien qu’on l’a rebaptisé: boulevard de terreur, boulevard meurtrier. (Đại lộ kinh hoàng)
  • Les massacres de Quỳnh Lôi, en 1956, dans lesquels des milliers de paysans sont tués par l’Armée populaire des communistes sous l’ordre direct de Hồ Chí Minh.
  • Après la chute de Saigon, plus d’un million de cadres, fonctionnaires et policiers sont tués sans merci ou emprisonnés sans aucun procès.
  • Près d’un million de militaires de la République du Sud du Vietnam sont envoyés dans des ‘’camps de rééducation’’- en réalité des prisons de travaux forcés – dispersées dans tout le pays. Ceux-ci y passent quelques années, voire 20 ans, et ce, sans aucun procès au préalable. Près de 200 000 meurent en captivité, mais le nombre réel est certainement beaucoup plus élevé.
  • Au terme de la guerre, le pays se vide, beaucoup tentent de quitter le pays par tous les moyens. Près d’un million de personnes sont mortes noyées dans l’océan Pacifique.
  • Le nombre de Vietnamiens en exil s’élève à quelques millions. Ils sont éparpillés dans des centaines de pays, un peu partout dans le monde.
  • Après un demi-siècle de révolution communiste (sic!), le Vietnam demeure un des pays les plus pauvres de la planète, derrière ses voisins comme le Cambodge et le Laos.

La perspective de voir disparaître le Vietnam sur la carte du monde, en d’autres mots être annexé à la Chine, est imminente. La complicité des communistes vietnamiens dans cette traîtrise est évidente. Les dirigeants du parti communiste ont signé avec les leaders chinois des accords scellant le sort de notre pays: l’Accord de Thành Đô (Cheng du) thuộc tỉnh Tứ Xuyên (Sichuan) signé en 1990, envisageait un processus d’annexion débutant en 2020 et s’échelonnant jusqu’en 2060. Après cette date, la nation vietnamienne disparaitrait sur la scène mondiale et les Vietnamiens ne seraient plus que de simples citoyens de la Chine continentale.

En réalité, la Chine a réussi à conquérir notre pays depuis bien longtemps, même avant les accords de Thành Đô:

  • Les zones du pays réservées exclusivement aux ressortissants chinois se multiplient dans tout le pays. L’économie du Vietnam est sous l’emprise de la Chine. Le pays est « empoisonné » par les produits chinois à la fois toxique et cancérigènes. Rappelons que présentement, le taux de cancers au Vietnam est très élevé, au premier rang mondial.
  • Domination maritime à l’est du pays, les bateaux de pêche vietnamiens éprouvent maintes difficultés à exploiter les eaux vietnamiennes.
  • À l’ouest du pays, les barrages construits en amont du fleuve Mékông donnent à la Chine un contrôle total sur le niveau d’eau du fleuve, source économique vitale pour le pays.
  • Bref, la Chine a encerclé complètement le Vietnam.

 Les Vietnamiens en exil: une lueur d’espoir pour la survie du pays

Nous sommes face à la disparition imminente de notre pays, de son peuple et de sa riche culture millénaire. L’ambition territoriale de la Chine est bien connue. Cette fois-ci, les Chinois ont su trouver des complices au sein du parti communiste vietnamien. Cette trahison remonte aux premiers jours du parti en 1927. En recevant l’aide de la Chine pour d’abord contrer l’envahisseur français et ensuite éliminer les autres factions révolutionnaires (non communistes), Hồ Chí Minh et ses camarades ont ni plus ni moins « vendu le pays » à son voisin chinois.

Chers amis.

Il existe tout de même une lueur d’espoir.

C’est l’existence des communautés vietnamiennes, partout dans le monde libre.

Les éléments qui forment un pays sont :

  • Le territoire
  • Le peuple
  • Des membres compétents pour une administration efficace.

Les exilés vietnamiens répondent bien à ces exigences pour former un pays.

Le rôle des citoyens de ce nouveau Vietnam visera à :

  • Aider autant que possible les forces à l’intérieur du Vietnam pour chasser du pouvoir les membres du Parti communiste et ainsi rétablir la démocratie au pays.
  • Préserver et développer notre culture, la garder vivante dans le cœur de chacun d’entre nous.
  • Lutter contre les effets de la Résolution 36 (Nghị Quyết 36 promulguée )par les communistes de Hà Nội. Cette résolution consistait à mettre à genoux les exilés vietnamiens anti-communistes.

Dans cette perspective de sauver le pays, les jeunes joueront une place importante. L’avenir de notre peuple vietnamien, de notre culture, de notre existence même, dépend énormément de nos leaders de demain.

On compte sur vous.

Je demeure :

CONFIANT et PLEINE d’ESPOIR

À la prochaine !

Nguyễn Lương Tuyền, Montréal, Canada

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